Lettre aux hypersensibles
Ou les mots que j’aurais voulu lire, avant de me réconcilier avec moi-même.
Chaque mois, je prends le temps de répondre à l’une de vos questions, avec mes mots, mon regard, mon vécu.
Un espace intime et sincère, pour celles et ceux qui cherchent un écho, une écoute et peut-être même une réponse.
Merci à la personne qui m’a confié cette question. Et merci à vous, d’être au rendez-vous.
On a longtemps fait croire aux êtres sensibles qu’ils devaient se blinder pour survivre. Se taire pour séduire. Se camoufler pour ne pas déranger. Se tenir droit, ravaler ses larmes, sourire même quand le coeur se serre. Rester en surface, ne pas trop questionner.
Mais la sensibilité n’est ni une faiblesse à cacher, ni un fardeau. C’est une boussole. Un langage. Un filtre poétique sur le monde, une façon d’habiter celui-ci, de le percevoir en nuances, de vibrer à ce qui échappe aux regards pressés.
Et pour rencontrer quelqu’un qui puisse en prendre soin, il faut d’abord la reconnaître, la nommer et l’offrir sans peur.
Pourtant, pendant des années, je me trouvais « trop ».
Trop à fleur de peau. Trop extrême. Trop fragile. Alors j’ai maquillé. Je devenais celle qui s’adapte, qui devine, qui anticipe, comme pour me protéger. Et alors que j’avais intensément besoin de profondeur, j’ai créé des liens qui n’exploraient pas les infinies nuances de l’âme.
L’une des conséquences d’un trauma n’est pas uniquement ce qui nous est arrivé mais ce que celui-ci nous faire croire de nous-même.
Il m’a fallu longtemps pour ne plus m’excuser d’être émotive. De parler avec les mains, de rire fort. De pleurer devant une pub, un coucher de soleil, le nez dans un livre ou en écoutant une chanson. De rester silencieuse dans les soirées bondées, de m’isoler lorsque l’agitation m’épuise. D’être bouleversée par un détail que personne ne voit. D’être très susceptible, de prendre tout à coeur.
J’ai réalisé que j’avais peur d’être rejetée si j’étais entièrement moi-même. Abandonnée. Ridiculisée. Laissée pour compte. Et je n’arrêtais pas d’imaginer ce que pouvaient se dire les autres : “elle fait des histoires”, “elle est trop intense”, “elle veut toujours trop parler”…
Nous pensons tellement trop que nous imaginons les pensées d’autrui. Et nous avons été programmés pour croire que le fait d'être « trop » nous ferait exiler. Et dans certains cas, c'est le cas. Nous étions trop susceptibles pour nos parents. Trop bruyant.es pour nos professeurs. Trop exigeant.es pour notre ex. Trop influençables pour notre patron. Trop sauvages pour le monde.
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à Lettre de Margaux pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.